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Dialoguer avec son corps


Aujourd’hui j’étais en séance avec Jonas, qui a 12 ans et que son papa m’amenait car il trouve qu’il a du mal à exprimer ses émotions, et peut-être à percevoir ce qu’il ressent.

« J’avais envie de lui apporter une ouverture sur son monde intérieur et sur le monde autour de lui », me dit-il.

C’est beau qu’il y ait des papas qui aient envie d’apporter ça à leur garçon qui grandit.

Nous faisons une séance manuelle et, alors que mes mains sont posées sur le ventre de Jonas, je tourne ma tête en direction de son visage, mon oreille droite orientée vers son abdomen.

Jonas sourit :

« C’est drôle, on dirait que tu écoutes mon ventre ».

Je souris aussi :

« C’est un peu ça. J’écoute avec mes mains. En Pédagogie Perceptive on parle de dialogue tissulaire. Tu vois, mes mains proposent un étirement à ton ventre, puis je laisse agir, j’écoute, j’attends la réponse de ton corps. Parfois, ça prend du temps. Le corps n’est pas toujours d’accord pour répondre au début. »

« En fait, je sens que mon ventre résiste. Il ne veut pas bouger. »

« Oui... Et moi je lui dis : « Regarde, et si on allait un peu par là, qu’est-ce que tu en penses ? » Et lui il me répond : « Oh la la… Je suis pas sûr, c’est bizarre cet endroit-là, j’ai pas l’habitude » Alors j’insiste encore un peu : « On reste quand même quelques secondes ? Ça évolue déjà, tu vois… »

Ça lui plait bien à Jonas cette petite scène, et le voilà qui improvise la suite :

« Mon ventre commence à se relâcher mais pas complètement. On dirait qu’il dit : « Bon d’accord, tu peux continuer à étirer, mais c’est moi qui décide quand je lâche »

« C’est exactement ça !… Et qu’est-ce qu’il dit maintenant ? »

« Il dit : « Je connais pas cette sensation mais j’aime bien. »

Son ventre gargouille.

- « Ah ! Il parle tout haut maintenant ! », dit Jonas.

On continue à improviser comme ça un moment. Plus Jonas fait parler son ventre et plus il se détend. Sa parole est fluide, pertinente et drôle. Je suis émue. Pour quelqu’un qui avait du mal à nommer ce qu’il ressent, là il se débrouille vraiment bien.

Je lui demande :

« Quand tu es stressé ou que tu as des émotions, tu es plutôt quelqu’un qui exprime tout haut ce qu’il ressent ou tu gardes ça pour toi ? »

« Moi, je parle beaucoup mais, les choses sur les sentiments, je les garde plus sur moi… »

« Mmm… Et tu sais, quand on garde les choses sur soi, on les stocke quelque part dans son corps, et parfois même on fait des nœuds pour les retenir. Tu dirais que tu gardes ça où toi ? »

« Ben… Plutôt dans mon ventre je crois… »

« Ah oui, dans ton ventre ?… »

« Oui… C’est peut-être pour ça que j’avais des nœuds… »

En fin de séance, nous échangeons avec Jonas et son papa. Jonas dit :

« Au début, j’ai senti que mon ventre était tout endormi. Et puis après il était bien réveillé, il était plus libre pour bouger, c’était comme s’il parlait, qu’il s’exprimait. Il faut que j’écoute plus mon corps.

« Qu’est-ce que ça pourrait être par exemple pour toi écouter plus ton corps ? »

« Ben quand je suis fatigué par exemple, et que je veux quand même lire. Faire de la méditation. Et là ça te fait sentir la fatigue et tu dors comme un loir ! »

« Un peu comme à la fin de la séance quoi ! »

« Oui, j’avais l’impression d’être sur le bateau en Corse. C’était agréable, chaud, on se relâche. C’est comme un voyage… »

Je revois le papa de Jonas quelques temps après la séance. Il me dit que son fils parle plus, qu’il exprime mieux ce qu’il ressent.

« Mais ça reste à renforcer je crois ».

On reprend une séance pour Jonas.

Chouette ! On va pouvoir poursuivre nos dialogues…

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